La Maladie selon l’Islam
Préambule
Les articles de cette rubrique sont extraits des écrits de Malika Dif notamment de son excellent livre « La maladie et la mort en Islam » Editions Tawhid
Il serait inconcevable d’évoquer la maladie dans l’Islam sans rappeler ce que l’Humanité dans son ensemble doit aujourd’hui au monde arabo-musulman.
En effet, c’est entre le VIIème et le XVème siècle de notre ère, que des savants arabes le plus souvent, musulmans dans leur grande majorité, ont initié les premiers travaux, les recherches dans tous les domaines scientifiques, notamment les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie, sciences naturelles et, bien entendu, la médecine, la chirurgie, l’ophtalmologie.
En ce qui concerne plus spécialement la médecine, elle fut enseignée dès les premiers siècles de l’Hégire, et l’on sait que cet enseignement a produit plusieurs grands savants, dont les noms les plus connus sont évidemment : Ar-Râzî (Rhazès), Ibn Sinâ (Avicenne), Ibn Zoha (Avenzoar).
Les travaux de plusieurs de ces savants furent enseignés entre le XIIème et le XVème siècle dans les Universités d’Europe. On nous rapporte que l’un des ouvrages de Ibn Sinâ, le « Canon de la médecine » fut édité douze fois en latin, une fois en hébreu. Il a été utilisé jusqu’au XIXème siècle à la Faculté de Montpellier.
Au XIème siècle, on pratiquait déjà la chirurgie. Citons ici Abûl Kasis (Abul Qassim), célèbre médecin, chirurgien, et même chimiste ! On connaissait l’anesthésie qui permettait alors d’insensibiliser le patient. On pratiquait également des interventions en ophtalmologie, la cataracte en particulier.
Ces savants furent également très brillants dans des domaines comme la physique et la chimie. Les applications de cette dernière discipline eurent des retombées importantes sur la pharmacologie. On maîtrisait la fabrication et l’utilisation de nombreux produits : le camphre, des onguents et pommades, des sirops et teintures, etc …
Il est intéressant encore de rappeler que le premier hôpital fut ouvert à Bagdad en l’An 707. C’est dans cet établissement que plus tard Ar Râzî enseignait à ses élèves et qu’il se déplaçait avec eux au milieu des malades, pour un enseignement pratique !
Citons encore quelques uns de ces grands savants dont les apports dans le domaine médical ont été considérables
El Ghafiqi : ophtalmologie, médecine, pharmacologie ; Ibn Tofaïl (Al Qordobi) : médecine ; Ibn Al Baytar : botanique ; Djabit (Gerber) : chimie ; Ibn Rochd (Averroes) : médecine ; El Kindi : médecine, optique, chimie.
Il est important de se souvenir avec reconnaissance de ces hommes qui ont œuvré pour le bien-être de l’être humain, créature de Dieu, à une époque où l’Europe vivait dans l’obscurantisme du Moyen Age. Ernest Renan a écrit à leur sujet : « Effacez les arabes de l’histoire et la Renaissance sera reculée de plusieurs siècles ».
L’Humanité dans son ensemble est redevable de tant de progrès, de tant de connaissances utiles à l’égard de ces savants arabo-musulmans qu’il est bien regrettable que leur rôle ne soit pas enseigné à nos jeunes, ne serait-ce que dans le but de stimuler leur désir d’étudier, ainsi que cela est très recommandé par l’Islam.
Dieu n’a-t-il pas dit :
« Sont-ils égaux ceux qui ont reçu la science et ceux qui ne l’ont point reçue ? » (C. 39/9)( traduction Coran Sourate 39 Verset 9)
Le Prophète Muhammad (sur lui la paix et le salut) a recommandé :
A celui qui s’engage dans la recherche de la science, Dieu ouvre la voie qui conduit au Paradis. (Tirmidhî)
Que Dieu accorde à ces précurseurs la paix et la miséricorde.
LA MALADIE SELON L’ISLAM
On nous rapporte que Ibn Umar disait :
Quand vient le soir, n’attends pas le matin et quand vient le matin, n’attends pas le soir. Mets à profit les moments où tu es en bonne santé en prévision de la maladie et œuvre dans ta vie en prévision de la mort. B
Les musulmans se posent de nombreuses questions en rapport avec la maladie et la mort selon l’Islam, en particulier au moment où eux-mêmes ou certains de leurs proches sont concernés.
Nombre d’entre eux se trouvent complètement démunis et ne savent ni comment se comporter ni quoi faire lorsque surgissent ces épreuves majeures. Or, chacun d’entre nous, à un moment ou un autre de sa vie, se trouve confronté à la maladie et à la mort. L’objectif est d’aider à y faire face, à la fois spirituellement et matériellement.
Rappelons que la maladie est une mise à l’épreuve venant de Dieu, qu’elle vise à purifier le cœur de celui qui est croyant ! Il n’est pas atteint en raison d’une faute qu’il aurait commise. Ce n’est en aucun cas une honte ni une punition !
L’Islam exige du musulman qu’il se soigne lorsqu’il est malade, et ce, de manière licite ; il doit en outre éviter tout ce qui peut nuire à sa santé, et même faire des efforts en vue de la préserver.
Et enfin, lorsqu’il parvient au terme de sa vie, il incombe aux autres musulmans de l’assister dans ses derniers instants, de remplir les devoirs qui lui sont dus, notamment la toilette et la prière mortuaires, et de faire en sorte que ses obsèques aient lieu dans les conditions conformes aux enseignements de l’Islam.
Si Dieu t’afflige d’un malheur, nul autre que Lui ne pourra t’en délivrer ; et s’Il te destine une faveur, nul ne pourra t’en priver, car Il favorise qui Il veut parmi Ses serviteurs et Il est Clément et Miséricordieux. C. 10/107
On nous rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut ) a dit :
Le Croyant a une destinée étonnante, car tout ce que Dieu lui prédestine ne lui rapporte que du bien. Si la fortune lui sourit, il est reconnaissant et c’est pour lui un bien. Et si un mal l’atteint, il patiente et c’est également pour lui un bien. M
Il est un fait que l’être humain est ingrat d’une manière générale parce qu’il oublie facilement tous les bienfaits dont il a été généreusement gratifié dès l’instant où il est confronté aux difficultés de l’existence, qu’il soit atteint dans sa vie affective, matérielle, professionnelle ou encore dans sa santé. Or, précisément, le croyant doit supporter avec patience et résignation les épreuves inévitables auxquelles il est soumis.
Tout comme les difficultés d’ordre matériel lui occasionnent des soucis qui encombrent son esprit, la maladie lorsqu’elle survient – lui provoque des angoisses, parfois de la douleur et peut à la fois diminuer ses facultés physiques et intellectuelles.
Dans tous les cas, il éprouve une souffrance psychologique qui diminue ses capacités à agir, à réfléchir et peut même lui ôter sa combativité habituelle.
Car ainsi est l’être humain tel que Dieu l’a créé : fort et fier devant le succès, faible et abattu devant les épreuves.
Oui l’homme a été créé instable : quand un malheur le frappe le voilà abattu et quand le bonheur le touche, il devient égoïste … Seuls font exception les gens pieux. C. 70/19-22
Les croyants pieux et sincères ne se montrent pas désinvoltes et reconnaissent les bienfaits de leur Seigneur, alors même qu’ils sont dans le bien-être ou dans l’épreuve. Les épreuves sont autant de tests pour mesurer le degré de foi du croyant ; elles sont susceptibles de le renforcer ou de l’affaiblir, précisément selon la profondeur de sa foi et de son engagement envers Dieu.
Certes, Nous vous mettons à l’épreuve, afin de distinguer ceux d’entre vous qui combattent et qui souffrent pour Notre cause, et pour apprécier votre comportement.
Le musulman sait qu’il ne dispose pas de tous les pouvoirs lui permettant de maîtriser certaines circonstances de son existence, en particulier ce qui touche à sa santé… ni même sont qui ont une certaine maîtrise des soins ( personnel soignant ) Il se rappelle qu’Allah est le Maître de toute chose, de toute créature , et de sa destinée en particulier, tout être humain
On nous rapporte par exemple que lorsque la situation des premiers musulmans se fut améliorée et qu’ils n’avaient plus à souffrir de l’extrême pauvreté des premiers temps, certains parmi les Compagnons du Prophète dirent combien ils supportaient la pauvreté avec patience et combien ils devaient résister à l’épreuve de l’aisance !
Il en est ainsi également de la bonne santé dont la plupart jouissent une grande partie de leur vie, ou encore de la beauté qu’ Allah nous a accordée. Ce sont autant de dons divins dont il faut sans cesse Le remercier avec gratitude et humilité en ayant conscience de la faveur octroyée par Lui.
Patience, résignation, mérites
Toutes les épreuves endurées avec résignation par le croyant sont méritoires et lui valent une rétribution auprès d’Allah.
Ainsi, selon l’Islam, les épreuves – dont la maladie n’est que l’une des manifestations – ne sont pas des punitions infligées inutilement aux Croyants. Bien au contraire, lorsque le Croyant les accepte avec résignation – se soumettant avec foi aux décrets divins – ces épreuves sont autant de bienfaits qui le purifient de ses fautes et lui permettent de se rapprocher de son Seigneur ; c’est ainsi qu’elles sont un bien pour lui. On rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Allah ne châtie pas son bien-aimé, mais Il lui arrive de l’éprouver.
Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n’avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère et maladie les ont touchés….C. 2/214
Dans son commentaire du Coran, Tabari cite les propos de Ibn Abbas à propos de ce verset : Dieu fait savoir aux Croyants que le monde ici-bas est le monde des épreuves et que c’est Lui qui les éprouve. Il leur ordonne donc la patience et annonce à ces derniers la bonne nouvelle de la récompense ultérieure.
Ô croyants ! Cherchez du réconfort dans la patience et la prière. Dieu est en vérité avec ceux qui savent s’armer de patience. C. 2/153
On nous rapporte ces propos du Prophète (SBSL ) :
Celui qui persévère, Dieu lui donne la patience. Et aucun homme n’a reçu un meilleur don que la patience. B
Le monde ici-bas est la prison du croyant et le Paradis de l’incroyant. M
Toutes les souffrances, toutes les épreuves sont d’excellents stimulants pour la foi des Croyants ; c’est l’école de la patience et de l’endurance ! C’est dans ce sens qu’il faut comprendre pourquoi Dieu soumet Ses créatures, qu’Il aime, à toutes sortes de difficultés. Il leur veut du bien, Il veut les purifier par l’effort que chacune d’elles fera pour mériter d’être parmi ceux qui seront rapprochés de Lui.
Nous avons créé l’homme d’une goutte de sperme pour le mettre à l’épreuve et c’est pourquoi Nous l’avons doté de l’ouïe et de la vue. C. 76/2
Nous avons certes créé l’homme pour une vie de lutte. C. 90/4
C’est ainsi que Nous faisons alterner les jours fastes et les jours néfastes parmi les hommes, afin que Dieu reconnaisse les vrais croyants et élise, parmi vous, des martyrs, car Dieu n’aime pas les injustes. C’est ainsi un moyen pour Dieu de purifier par l’épreuve ceux qui ont cru… C. 3/140-141
Les épreuves, de quelque nature qu’elles soient, ne sont jamais vaines : leur raison d’être consiste à rendre les Croyants plus forts face à l’adversité, plus humbles également et à les débarrasser de leurs fautes ou d’une partie d’entre elles. Elles leur sont envoyées par Dieu comme un bienfait pour leur âme, en neutralisant en eux toute velléité de puissance, d’orgueil, de vanité dont l’être humain fait preuve, oublieux qu’il est de la grandeur divine.
Les épreuves sont un rappel permanent à l’humilité !
Toute vie insufflée doit goûter à la mort. Ce n’est qu’au Jour de la Résurrection que vous recevrez intégralement votre rétribution. …. En vérité, la vie ici-bas n’est faite que de plaisirs éphémères.
Vous serez certainement éprouvés dans vos biens et dans vos personnes C. 3/185-186
On le voit encore au travers de ce verset, c’est par les épreuves de toute nature que le Croyant se renforce, se purifie et se rapproche de son Seigneur.
On nous rapporte bon nombre de ahadîth à ce sujet. Ainsi, Abû Hurayra rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Tout ce qui atteint le musulman, épuisement, maladie, chagrin, douleur, souffrance, angoisse, même une simple piqûre d’épine, lui vaut, de la part de Dieu, la rémission d’une partie de ses péchés. B
Abû Hurayra a rapporté que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Quand Dieu veut du bien à quelqu’un, Il l’éprouve. B
Il n’y a pas un musulman qui ne soit atteint d’une maladie quelconque ou par autre chose de moins grave, et qui se résigne, sans que Dieu n’efface ses fautes comme tombent les feuilles d’un arbre. M
Anas ben Malîk a rapporté que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Lorsque Dieu veut du bien à Son serviteur, Il anticipe son châtiment en le lui infligeant en ce monde. Et s’Il lui veut du mal, Il diffère le châtiment de ses fautes afin qu’il s’en acquitte au Jour du Jugement. Les grandes récompenses sont le résultat des grandes épreuves.
Quand Dieu aime une Communauté, Il l’éprouve. Celui qui accepte cette épreuve obtiendra l’agrément de Dieu. Celui qui s’en irrite sera l’objet de Son courroux. Tirmidhî
Enfin, il convient d’ajouter que Dieu éprouve les êtres en fonction de leur capacité et de leurs forces, physiques et spirituelles à la fois. Dieu connaît mieux que quiconque ce dont est capable chacune de Ses créatures et ne les soumet aux épreuves qu’en fonction de ce qu’elles peuvent effectivement supporter, ainsi qu’il est dit dans le Coran.
Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. C. 2/286
Il faut entendre dans le verset qui précède que Dieu n’éprouve aucun croyant au point d’épuiser sa foi, bien au contraire. C’est pourquoi Dieu n’éprouve Ses créatures qu’en fonction de leur capacité à endurer en se confortant dans leur confiance en leur Seigneur.
Le musulman face à la maladie ne doit pas se révolter, mais être résigné et endurant. Il doit recevoir ce qui lui arrive comme étant une part de ce qui lui est destiné dans ce bas monde, sans pour autant être fataliste, nous le verrons plus loin.
Il ne doit pas se considérer comme une victime, ni croire qu’il est abandonné par Dieu, encore moins se révolter contre Lui. Bien au contraire, c’est le signe que Dieu l’a distingué pour le purifier et le rapprocher de Lui.
Il doit donc faire preuve de patience. Rappelons que la patience est la première vertu du musulman ; elle est la plus citée dans le Coran ! Dieu a cité la patience dans plus de 70 passages du Coran, tant il s’agit d’une valeur essentielle en Islam.
Et supporte donc avec patience l’arrêt de Ton Seigneur ! Tu es de Notre part l’objet d’une protection vigilante. C. 52/48
C’est aussi le signe que Dieu ne l’a ni abandonné ni oublié, que Dieu aime Ses créatures et qu’Il ne les éprouve que pour tester la constance de leur foi et purifier leurs âmes de tous les péchés qu’elles commettent.
Certes, Nous vous mettons à l’épreuve pour reconnaître ceux d’entre vous qui combattent et souffrent pour Notre cause et pour apprécier vos comportements.C.47/31
Lorsque le musulman est malade ou qu’il subit une épreuve, qu’il dise Al Amdoulillah (Louange à Dieu), en ayant la certitude que Dieu ne l’abandonnera pas dans ces moments difficiles, et ce, tant qu’il sera sur la bonne voie. Comment le musulman pourrait-il se révolter ou douter de l’amour de Dieu à son égard ?
Béni soit Celui qui détient le pouvoir suprême et qui est Tout-Puissant, qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver et connaître ceux d’entre vous qui se conduisent le mieux. C. 67/1-2
Citons, comme exemple, l’histoire de Job qui fut frappé à la fois dans ses biens, dans sa santé et dans sa famille. On nous rapporte qu’après avoir été riche, en bonne santé et avoir eu une grande et belle famille, il devint totalement démuni, très malade et privé de sa famille exception faite de son épouse qui le soigna avec dévouement.
Il supportait avec une grande résignation ses épreuves et sa souffrance, se consacrant à la prière et à l’invocation de Dieu. Il implorait son Seigneur de cette façon :
Le mal m’a touché, mais Tu es Le plus Miséricordieux des miséricordieux. C. 21/83
Après dix-huit années de souffrances, Dieu le délivra, et lui rendit tout à la fois sa santé, sa famille et ses biens.
Et en réponse à nos requêtes, il se peut que Dieu ne nous accorde pas la guérison … mais nous inscrive parmi les élus du Paradis pour prix de notre résignation à accepter les souffrances que nous subissons ! Répétons encore : accepter et se résigner à l’épreuve n’est pas être fataliste.
On nous rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut ) a dit :
Dieu a dit : Lorsque Je frappe Mon serviteur de cécité et qu’il se soumet à Mon arrêt, Je lui accorde en échange le Paradis. B
Nous l’avons déjà dit : tout ce qui est de nature à occasionner des tourments, des souffrances, des difficultés de toutes sortes, n’atteint le musulman que pour éprouver sa foi, le purifier et le rapprocher de Son Seigneur.
Abû Hurayra a rapporté ces paroles de l’Envoyé de Dieu (sur lui la paix et le salut ) :
Dieu éprouve durement celui à qui Il veut du bien … B
Anas a rapporté que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Lorsque Dieu aime un groupe d’hommes, Il l’éprouve.
Citons encore ce hadith du Prophète (sur lui la paix et le salut ) :
Lorsque Dieu prive Son serviteur d’un être cher et que celui-ci montre de la patience et s’en remet à Lui, Il n’agrée pour lui d’autre rétribution que le Paradis. An Nisâ’î
C’est pourquoi le musulman doit supporter avec courage et endurance toutes les difficultés qu’il trouve sur son chemin. Et celui qui se comporte ainsi, avec patience et résignation, a compris le sens de ce que Dieu attend de lui ici-bas : soumission à Ses ordres, reconnaissance de Ses bienfaits, acceptation de Ses décrets. Car Seul Dieu sait ce qui est bon pour Ses créatures !
La terre de Dieu est vaste et les endurants auront leur pleine récompense sans compter.
- 39/10
Ibn Abbas a rapporté ces paroles de Ali ben Abû Tâlib :
Sachez que dans les circonstances de la vie, la patience est à la foi ce que la tête est au corps.
On connaît également cette parole du Prophète (sur lui la paix et le salut) : La patience est une lumière. M
Ne doit pas se plaindre exagérément
Il est permis au malade de parler de sa maladie à ses proches, de dire combien il souffre et est gêné par son mal, par la douleur, etc … mais il ne doit pas se plaindre exagérément, ni se lamenter sur lui-même, encore moins rendre son entourage et le corps médical responsables de son état et de ses souffrances !
Il peut également dire ses craintes que sa maladie soit grave ou qu’il appréhende tel traitement difficile ; il peut dire son inquiétude d’être diminué ou de devenir dépendant ! Bref, il peut parler de sa maladie et de ce qui le préoccupe à son sujet, d’autant que le plus souvent il a aussi besoin d’être rassuré !
Mais il ne doit pas se lamenter ni geindre de façon excessive en raison des épreuves ou de la dureté de la vie, car c’est alors se plaindre de Dieu, puisque c’est Lui seul qui octroie de quoi se purifier de ses fautes. Le musulman sait que c’est Dieu qui l’atteint par les épreuves de toutes sortes, notamment la maladie, et que c’est Dieu seul qui le guérit.
Par contre, les incroyants ne comprennent pas le sens de leurs épreuves et se révoltent contre Dieu en se plaignant des tourments dont ils sont accablés. A ce propos, le Prophète (sur lui la paix et le salut ) a dit :
Lorsque le mécréant est malade et qu’il se rétablit, il est comme un chameau que son propriétaire enchaîne puis libère : il ne sait ni pourquoi on l’a enchaîné, ni pourquoi on l’a libéré ! Abû Dawud
Placer sa confiance en Dieu
Tout événement procède de Dieu … C. 4/78
Le musulman doit, en toutes circonstances, faire confiance à Dieu et ne placer son espérance qu’en Lui seul. Nul ne saurait lui venir en aide contre la volonté divine.
Si Dieu t’inflige un malheur, quel autre que Lui pourrait t’en débarrasser ? Et s’Il te gratifie d’un bienfait, nul ne saurait t’en priver, car Il est le Tout-Puissant. C.6/17
La foi et l’espérance sont à la base de toute guérison, celle du corps et celle de l’esprit. Tandis que le désespoir – outre le fait qu’il contribue à la détérioration de l’état de santé de celui qui est malade – est un acte de mécréance. C’est nier le pouvoir de Dieu qui peut tout, mais dont les décrets nous demeurent cachés.
Tout être est destiné à vivre puis à mourir et Dieu est Le seul maître de l’échéance de chacun. Mais nous ne savons ni où, ni quand, ni comment, car Dieu seul sait. Le croyant doit accepter ce principe qu’il ne saurait y avoir d’exception pour quiconque et se souvenir que Dieu est Le plus miséricordieux. La mort n’est pas une punition pour le croyant, c’est au contraire la porte qui mène vers la vie éternelle promise, avec ses récompenses et ses délices !
Tout être goûtera à la mort et c’est vers Nous que se fera votre retour…. Quelle belle récompense pour celles et ceux qui font le bien, qui se montrent endurants et placent leur confiance en leur Seigneur. C. 29/57-59
Dans le Coran sont citées les paroles de quelques uns des Envoyés. Ainsi Abraham dit :
…Et quand je tombe malade, c’est Lui qui me guérit et qui me fera mourir, puis me redonnera la vie. C’est de Lui que je convoite le pardon de mes fautes le Jour de la rétribution…C. 26/80-82
Moïse dit :Ô mon peuple ! Si vous croyez en Dieu, placez votre confiance en Lui. C. 10/84
Jacob s’adressant à ses fils leur dit :
Ô mes fils ! … Et ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Ce sont seulement les mécréants qui désespèrent de la clémence de Dieu. C. 12/87
Et Joseph, lorsqu’il se retrouve face à ses frères –qui l’avaient abandonné dans un puits et qu’il ait traversé maintes épreuves – ne leur dit-il pas :
… Quiconque craint Dieu et se montre patient en reçoit la récompense, car Dieu ne frustre jamais les hommes de bien de leur récompense. C. 12/90
Enfin, rappelons que la mort n’est pas la fin de la vie ; c’est le terme d’une forme de vie – la vie terrestre – mais, pour le croyant, une autre vie l’attend dans laquelle il sera débarrassé de son enveloppe corporelle et, si Dieu le veut, il connaîtra alors une béatitude éternelle, débarrassé de toute souffrance, de tout souci !
C’est dans cet esprit que le musulman doit puiser sa force dans la prière et l’invocation
Le musulman doit continuer et persévérer dans l’accomplissement de ses actes de piété (notamment la prière) même lorsqu’il est malade, dans la mesure de ces capacités. (prier, lire Coran, invoquer Dieu par la pratique du dhikr (rappel), demander pardon. …)
Et cherchez du réconfort dans la patience (*) et la prière. Sans doute, la prière est une lourde obligation, sauf pour les humbles qui savent qu’ils sont appelés à rencontrer leur Seigneur et que leur retour vers Lui est inéluctable. C.2/45-46
… Et Il (Dieu) guide vers Lui ceux qui se repentent, ceux qui croient et dont les cœurs s’apaisent à l’évocation de Dieu. N’est-ce point par le rappel de Dieu que les cœurs se tranquillisent ? C. 13/27-28
Ainsi, le musulman peut faire la Louange de son Seigneur, lui adresser des demandes, invoquer son pardon, et ce, en toutes circonstances et en tous lieux.
Souvenez-vous de Moi, Je me souviendrai de vous. C. 2/152
Âïsha a rapporté que l’Envoyé de Dieu évoquait Dieu en toutes circonstances. M
Quand la prière est terminée, continuez à invoquer Dieu, que vous soyez debout, assis ou couchés. C. 4/103
Le musulman, en particulier s’il est malade – parfois immobilisé – tirera un grand bénéfice de ce Rappel, qui est simple à pratiquer et qui emporte à la fois de nombreuses récompenses et apporte un véritable réconfort à celui qui le pratique.
Cela dit, il est utile de rappeler qu’il ne faut pas attendre d’être malade ou dans l’épreuve pour s’adresser à Dieu par l’invocation. A ce propos, Abû Hurayra nous a rapporté ces propos de l’Envoyé de Dieu :
Celui qui désire que son invocation soit exaucée par Dieu au moment de ses épreuves devra multiplier ses invocations au moment de l’aisance. Tirmidhî – Al Hâkim
Abû Mussa a quant à lui rapporté que l’Envoyé de Dieu lui demanda :
Veux-tu que je t’indique l’un des Trésors du Paradis ?
Oui, bien sûr ô Envoyé de Dieu !
Dis : Il n’est de puissance et de force que par Dieu. B – M
Anas a rapporté que le Prophète (sur lui la paix et le salut) récitait souvent cette invocation recommandée dans le Coran :
Mon Dieu ! Accorde-nous un bienfait en ce monde et dans l’Au-delà et préserve-nous du châtiment du Feu. (C.2/201)
Ibn Anas a rapporté que l’Envoyé de Dieu invoquait le Seigneur dans les moments d’affliction en disant :
Il n’y a d’autre divinité que Dieu, le Puissant, le Sage ; il n’y a d’autre divinité que Dieu, le Maître des Cieux et de la Terre, le Maître du Trône Suprême. B
Il existe un nombre considérable d’invocations, mais le musulman peut également laisser libre cours à ce que son cœur lui suggère.
Anas ben Mâlik a rapporté que l’Envoyé de Dieu disait :
Grand Dieu ! Je me réfugie auprès de Toi contre l’impuissance, la paresse, la lâcheté et la décrépitude. Je me réfugie auprès de Toi contre le châtiment de la tombe. Je me réfugie auprès de Toi contre les troubles de la vie et de la mort. B
Le musulman doit aussi Lui adresser des demandes de pardon, en se repentant sincèrement des fautes commises.
Et implore Dieu pour obtenir Son pardon car Il est plein de clémence et de compassion. 4/106
Celui qui commet une mauvaise action ou se fait tort à lui-même trouvera toujours auprès de Dieu, s’il implore Son pardon, indulgence et miséricorde. . 4/110
On nous rapporte ces propos de l’Envoyé de Dieu :
Parfois mon cœur s’assombrit et je demande pardon à Dieu 100 fois par jour. M.
Selon une version rapportée par Abû Hurayra : il est dit 70 fois !
Ne pas être négligent dans l’aisance
Le Prophète (sur lui la paix et le salut) fait remarquer qu’il ne faut jamais être oublieux ou désinvolte à l’égard de Dieu, ni dans l’aisance, ni dans la peine.
Nombre de gens sont dupes de ces deux faveurs : la santé et les loisirs. B
Grâce à Dieu, les musulmans ne connaissent pas que des épreuves. Ils rencontrent aussi des circonstances meilleures.
En effet, si nous observons nos épreuves avec objectivité, nous constatons qu’à côté d’elles sont des moments où nous sommes soulagés de nos souffrances jusqu’à les oublier, grâce à une bonne parole, l’attention d’un être cher, la tendresse de ceux que nous aimons, ou tout simplement par une amélioration de notre vie que nous n’attendions pas !
On nous rapporte ces propos d’Ibn Mas’ûd : « Pour chaque joie, il y a une peine et nulle maison ne peut être remplie de joie sans qu’elle ne soit remplie de chagrin. »
Ainsi, lorsque des améliorations se manifestent après les épreuves, il convient encore de ne pas oublier Dieu, en particulier pour le remercier et lui adresser des louanges dès qu’une joie nous atteint ou même seulement un allègement de nos peines. Il est encore recommandé de continuer à lui adresser aussi des demandes de pardon.
C’est en effet dans l’aisance qu’il faut préparer les heures difficiles !
A côté de la difficulté est, certes, une facilité. Certes à côté de l’adversité il y a la félicité. Alors, chaque fois que tu as un moment de loisir, tourne-toi vers ton Seigneur et aspire à la grâce avec ferveur. C. 94/5 à 8
On rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Observe les commandements de Dieu, tu Le trouveras auprès de toi. Cherche à connaître Dieu dans l’aisance, il se souviendra de toi dans l’adversité (T)
Le but de ce Rappel est de rapprocher le cœur du musulman de Son Créateur, qu’il soit dans la peine ou dans la joie, et qu’il n’oublie jamais le but ultime de son existence.
Le musulman doit penser à la mort
Qu’il soit malade ou bien portant, le musulman doit penser à la mort et se souvenir qu’elle atteindra tout être créé par Dieu, selon un terme qu’Il a Lui-même fixé et qu’elle peut survenir pour chacun d’entre nous dans l’instant qui suit.
Vous ferez tous retour à Lui, c’est un arrêt irrévocable de Dieu ! C. 10/4
Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but et que vous ne seriez pas ramenés vers Nous ? C. 23/115
Abdallah ben Umar a également rapporté que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Sois dans ce monde comme un étranger (ou un passant) B
Abû Hurayra a rapporté cette recommandation de l’Envoyé de Dieu :
Remémorez-vous souvent celle qui détruit tous les plaisirs. (c’est-à-dire la mort). T
Il est à remarquer que le Coran fait allusion à deux sortes de mort. Le sommeil est en effet considéré comme une « petite mort », par comparaison à la mort telle que nous la décrivons généralement. Le sommeil est un espace de temps au cours duquel Dieu retient l’âme des hommes et, selon Sa volonté, la leur restitue au réveil.
Dieu accueille les âmes quand elles meurent et quand elles sombrent seulement dans le sommeil. Il retient celles dont Il a décrété la mort, et renvoie les autres jusqu’au terme fixé …. C. 39/42
Après que nous ayons évoqué la « petite mort », qui prend fin avec le réveil, voyons ce qui se rapporte à la mort au terme de laquelle nous quittons définitivement le monde terrestre.
L’Ange de la mort chargé de vous recueillera votre âme; puis vous serez ramenés à votre Seigneur. C. 32/11
On nous rapporte que Ibn Umar recommanda à un homme d’invoquer Dieu avant de dormir par ces paroles :
Mon Dieu ! Tu as créé mon âme et c’est Toi qui la fera périr. Sa vie et sa mort te reviennent. SiTu la vivifies, préserves-la et si Tu la fais périr, pardonne-lui. Mon Dieu ! Je Te demande une bonne santé. M
Il faut insister sur le fait que la mort peut nous surprendre à tout moment, même lorsque rien ne la laisse présager ; c’est la raison pour laquelle le musulman doit toujours se tenir prêt !
Est-ce qu’ils sont sûrs que le châtiment de Dieu ne viendra pas les couvrir ou que l’Heure ne viendra pas soudainement, sans qu’ils s’en rendent compte ? C. 12/107
Et Nous n’avons attribué l’immortalité à aucun homme avant toi…. Et c’est à Nous que vous ferez retour. C. 21/34-35
Toute être humain goûtera la mort, et c’est vers Nous que se fera votre retour. C. 29/57
…. Car Dieu ne saurait être mis en échec. C. 39/51
Il n’y a pas d’âge pour mourir
La connaissance de l’Heure du Jugement relève uniquement du Seigneur…. Et nulle âme ne sait ce que lui réserve l’avenir et nulle âme ne sait en quel endroit elle devra mourir. Dieu seul est Omnicient et parfaitement informé. C. 31/34
Nous constatons tous les jours qu’Il rappelle à Lui aussi bien des personnes jeunes, des enfants, et des gens dans la force de l’âge et d’autres ayant atteint un âge avancé, sans aucune chronologie, en dehors de toute explication humaine, et souvent sans que rien n’ait pu le laisser prévoir.
Ce fait évident doit donner à réfléchir à tous ceux qui reportent à plus tard l’accomplissement de leurs devoirs à l’égard de Dieu, en se bornant à « avoir la foi dans le cœur ».
Nul ne peut être assuré d’atteindre un âge avancé. Précisément, il est possible que Dieu ne laisse pas, à ceux qui se croient trop jeunes pour mourir, le temps de réaliser leur « but » et qu’Il les rappelle avant qu’ils n’aient eu le temps d’accomplir ce que Dieu attend de toutes Ses créatures.
Ni le manque de temps, ni la fatigue, ni le travail ne seront des excuses suffisantes pour Dieu au Jour du Jugement dernier. Ceux qui se réfugient derrière ces arguments doivent savoir qu’ils courent un grand danger : celui de ne pas avoir l’opportunité de les remplir plus tard. Que Dieu nous préserve de toute négligence et permette à chacun de trouver la force et l’humilité de répondre à Dieu, qui a dit :
Je n’ai créé les génies et les humains que pour qu’ils M’adorent. C. 51/56
Nous savons que la mort n’est pas une injustice ni une punition pour l’être humain : elle atteint chacun à l’heure qui lui est fixée et elle doit le conduire vers la vie éternelle. Mais, cette vie éternelle sera selon ce que le croyant aura préparé à cet effet.
Abû Hurayra a rapporté ces propos de l’Envoyé de Dieu :
Empressez-vous d’accomplir des œuvres de piété avant que vous ne rencontriez les obstacles suivants : Attendrez-vous que la pauvreté ne vous préoccupe au point de tout vous faire oublier ? Ou que la richesse ne vous corrompe ? Ou que la maladie ne vous réduise à l’impuissance, que la vieillesse ne vous rende sénile ? Ou que la mort brutale ne vous surprenne ? T
Enfin, on nous rapporte qu’une des filles du Prophète (sur lui la paix et le salut) l’envoya chercher lorsqu’un de ses enfants fut à l’agonie. Le Prophète (sur lui la paix et le salut), qui recevait des visiteurs, lui envoya un messager pour lui apporter son salut et le chargea de dire à sa fille : Certes, Dieu est Maître de ce qu’Il donne et de ce qu’Il prend, et chaque chose a pour Lui un terme fixé. Résigne-toi, il t’en sera tenu compte. B – M
Mais il arrive aussi que certains atteignent un âge avancé : c’est la vieillesse ! Le vieillissement n’est pas une maladie, mais un phénomène normal d’épuisement des ressources de l’organisme qui, après avoir « brûlé ses munitions » n’a plus de quoi résister et est usé. Cependant, c’est une grande épreuve pour l’être humain, car la vieillesse est le plus souvent accompagnée de maux divers et de la perte des moyens physiques et parfois intellectuels.
Celui à qui Nous accordons une longue vie verra ses facultés péricliter… C. 36/68
Dieu donne et reprend la vie. L’âge de certains parmi vous se prolonge jusqu’à la décrépitude où ils finissent par oublier ce qu’ils avaient appris… (C.16/70)
Selon Anas ben Malik, l’Envoyé de Dieu faisait cette invocation :
Je me réfugie auprès de Toi contre l’avarice, la paresse, l’âge de l’extrême décrépitude, le châtiment de la tombe, les troubles de l’Antéchrist et les épreuves de la vie et de la mort.(B)
Cependant, la durée de vie de certains par rapport à d’autres a sa raison d’être. Dieu est Le plus Savant. Le but de cette longévité est rappelé :
Lorsque ceux qui seront envoyés en Enfer imploreront Dieu, il leur sera rétorqué : Ne vous avons-Nous pas donné une vie assez longue pour réfléchir si vous l’aviez voulu ?…Un Messager n’est-il pas venu vous avertir ? Subissez donc vos tourments ! C. 35/37
Rien ne nous permet de prévoir le terme, ni d’espérer la longévité. Dieu est Seul a connaître le terme de chacun. C’est pourquoi, chaque croyant doit œuvrer sur cette terre comme s’il allait vivre toujours ou mourir demain !
Le Musulman ne doit pas souhaiter la mort
Nous avons vu que le musulman doit penser à la mort ; cela le conduit à relativiser les conditions de son existence ici-bas. Cependant, l’Islam interdit au croyant de souhaiter la mort, même s’il se trouve dans le plus grand désarroi ou éprouve une grande souffrance.
Qu’aucun de vous n’espère la mort et qu’il ne la demande pas avant qu’elle ne le surprenne. Quand l’un de vous meurt, ses œuvres cessent. Or, le croyant avec l’âge ne fait que gagner du bien. (M)
S’il n’est pas permis au croyant de souhaiter la mort – ni de la provoquer – il est toutefois licite qu’il adresse des invocations à Dieu en l’implorant de lui accorder ce qui est préférable pour lui ; Anas ben Mâlik a rapporté que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit :
Que personne ne souhaite la mort lorsqu’un malheur l’atteint. S’il ne peut s’en empêcher, qu’il dise alors : « O mon Dieu ! Fais mois vivre si la vie est préférable pour moi ; fais-moi mourir si la mort doit m’être plus favorable ». (B.M.)
A propos de l’euthanasie
Parler de la mort nous oblige à évoquer, très brièvement, l’euthanasie, c’est-à-dire la mort programmée, administrée « médicalement ». L’Islam ne permet pas l’euthanasie active. Même si un malade la demandait, aucun médecin musulman ne peut pratiquer cet acte.
De même, il n’est pas permis au musulman de demander aux médecins de mettre un terme à sa vie, même pour abréger ses souffrances.
Cependant, le musulman peut solliciter, auprès des médecins, que ses souffrances soient allégées par l’administration de médicaments plus forts, tout en sachant que certains de ces médicaments peuvent – éventuellement – avoir une action incidente sur l’échéance de la vie. Mais cette incidence n’est pas certaine ; c’est Dieu qui en est le Maître, de telle sorte que la mort du patient ne survient qu’au terme qui lui a été fixé initialement par Son Créateur !
Bien entendu, cette démarche visant à soulager la souffrance ne doit en aucun cas être viciée par une intention d’écourter la vie ; son but ne peut être que d’obtenir un soulagement de la douleur physique et psychologique du malade. Le terme de chaque vie humaine appartient à Dieu seul et il n’est pas permis à quiconque d’en disposer.
A propos du suicide
Non seulement il n’est pas permis au musulman de souhaiter ni de demander la mort, mais encore plus, il lui est rigoureusement interdit de se donner la mort volontairement.
Nous devons ici souligner que cet interdit du suicide est commun à toutes les religions monothéistes et qu’il est compté au nombre des plus grands péchés que puisse commettre un croyant.
Comme nous venons de le dire, Dieu donne la vie et la reprend selon un terme qu’Il a Lui-même fixé pour chacun. Il ne nous appartient nullement de décider ni de modifier la Création divine, ni d’intervenir dans l’ordre établi.
Personne ne peut mourir, si ce n’est avec la permission de Dieu, et au moment prédéterminé…. C. 3/145
L’ordre établi par Dieu ne saurait être modifié. C. 30/30
Le suicide est un acte de négation : c’est à la fois méconnaître le pouvoir de Dieu, et désespérer de Son assistance et de Sa miséricorde.
Ô vous qui croyez ! N’attentez pas non plus à vos jours, car Dieu est plein de compassion pour vous. C. 4/29
Tabarî quant à lui traduit ce verset par : Ne vous entre-tuez pas. Il interprète et commente ce verset ainsi : Dieu a fait savoir qu’en Islam, les uns sont solidaires des autres et que si une personne en tue une autre, elle agit comme si elle se tuait elle-même, ce qui équivaut alors à un suicide. Ce commentaire est à rapprocher du verset suivant :
Celui qui a tué un homme – qui lui-même n’a pas tué ou qui n’a pas commis de violence sur la terre – est considéré comme s’il avait tué l’Humanité toute entière. C. 5/32
On ne peut que conclure que la vie est sacrée et qu’il n’est pas permis de l’interrompre, car Dieu seul est Maître de son terme.
Extrait et modifié à partir de textes du livre « La maladie et la mort en Islam » de Malika Dif Editions Attawhid
Visite du patient
An-Nu’mân ibn Bashîr (qu’Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Les croyants, dans la façon dont ils sont aimants, miséricordieux et solidaires les uns envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre.
Fin de vie
An-Nu’mân ibn Bashîr (qu’Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Les croyants, dans la façon dont ils sont aimants, miséricordieux et solidaires les uns envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre.
Funérailles
An-Nu’mân ibn Bashîr (qu’Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Les croyants, dans la façon dont ils sont aimants, miséricordieux et solidaires les uns envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre.
Les obsèques musulmanes
« S’il y a une certitude admise par tous qu’on soit croyant ou non c’est qu’on sera confronté un jour ou l’autre à la mort »
« Toute âme goûtera à la mort »
Traduction d’un extrait du verset 185 Sourate Famille d’Imrane
Le musulman doit envisager sa mort, et s’y préparer spirituellement et matériellement, en particulier dans une société laïque, où l’on ne présumera pas de votre confession ou convictions et donc à priori ce sont les rites « laïcs » qui vous seront appliqués par défaut.
D’une manière générale, il est recommandé à tout musulman de faire un testament en prévision de sa mort, et particulièrement, encore une fois dans notre société française laïque, il y doit préciser que ses obsèques doivent respecter le rite musulman.
En outre ce testament écrit doit être révisé régulièrement, car les informations qu’il contient peuvent évoluer avec le temps. Vous trouverez en annexe à ce document, un modèle de testament et une notice d’utilisation.
Le plus souvent les défunts musulmans ou leurs familles souhaitent faire un rapatriement au pays de naissance ou des origines familiales. La recommandation de l’Islam est d’être enterré là on décède. Notre religion est la religion de la facilité. Notre prophète nous a montré l’exemple, chaque fois qu’il avait le choix entre deux décisions, il décidait la plus facile, la plus simple. Par ailleurs la terre entière appartient à Allah et Il l’a mis à disposition de tout être humain. Nous pouvons donc vivre sur n’importe quelle partie de la terre, y mourir et y être enterrés.
C’est ainsi qu’un des Compagnons du Prophète (sur lui la paix et le salut), Ayoub el Ansari, qui hébergea l’Envoyé de Dieu à son arrivée à Médine, est mort alors qu’il était parti à la conquête de la ville de Constantinople (actuelle Istanbul). Il est tombé martyr devant les murailles de la ville, qui n’était pas encore musulmane. Ses Compagnons l’ont enterré sur place… et depuis, les visiteurs se succèdent là où il repose.
Aujourd’hui, en France, nous commençons à disposer un peu partout de « carrés musulmans. Ce qui permet d’orienter les tombes. Ce n’est pas l’idéal mais c’est le meilleur compromis actuellement.
Il faut garder à l’esprit que la mort n’est qu’un déplacement de l’âme vers l’autre monde, elle quitte ce corps qui l’a hébergé et qu’elle animait de vie pour un autre lieu. La demeure de cette âme n’est pas cette parcelle de terre, qui est la tombe. Cette tombe permet à l’enveloppe charnelle de s’intégrer dans les éléments, de devenir terre. Nous somme crées de terre et nous redeviendrons terre.
Notre rôle en tant qu’aumôniers est crucial, dans le conseil, l’orientation, l’accompagnement des proches dans ces moments difficiles après la mort du défunt. Et quand bien même des proches seraient bien au fait des, rites émotionnellement ils sont déstabilisés, ne disposant pas toujours de tous leurs moyens. A ce moment la fraternité et la solidarité doit s’exprimer.
La prière mortuaire
Après que l’on ait fait la toilette rituelle du défunt, que sa dépouille ait été enveloppée dans le linceul, son corps est déposé dans un cercueil (obligatoire en France).
En France les Pompes Funèbres actuellement prennent en charge et organisent tous les services autour des obsèques, à commencer par les formalités administratives, jusqu’à l’ornement de la tombe. En général elles respectent les rituels musulmans, elles sont soumises au même régime sans distinction des convictions ou religions des défunts. C’est pour cette raison qu’elles font appellent aux aumôniers et aux différents ministres du culte, pour le conseil et pour assister la famille et les proches,
La prière mortuaire est un droit pour tout musulman(e) et un devoir qui incombe toute la communauté .Il est recommandé de multiplier les rangs des fidèles et donc d’être nombreux dans la mesure du possible. Les femmes peuvent participer à la prière mortuaire.
Il est méritoire de participer aux obsèques et à la prière mortuaire ; il existe de nombreux hadiths à ce sujet. On nous rapporte par exemple que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Quiconque assiste à un enterrement jusqu’à la prière mortuaire aura une récompense d’un « quirat ». Celui qui y assiste jusqu’à l’ensevelissement du défunt aura deux « quirats ». On lui demanda la valeur des « quirats », il répondit « La valeur de deux montagnes ». (Boukhari et Muslim.)
Pour l’inhumation, on transporte le défunt au cimetière puis le cercueil est descendu dans la tombe. Les fidèles qui l’ont accompagné peuvent encore faire des invocations en sa faveur, mais à voix basse, afin de ne pas troubler ce moment. La tombe est comblée et les fidèles repartent en silence, en pensant à celui qu’ils laissent derrière eux et qui subit à ce moment le premier interrogatoire…
A propos de la présence des femmes aux obsèques
il y a plusieurs cas de figure. Nous savons que l’Islam ne l’interdit pas formellement, mais le déconseille, plutôt pour préserver leur sensibilité. On nous rapporte qu’un jour où le Prophète (sur lui la paix et le salut) suivait un enterrement avec Omar, celui-ci remarqua qu’une femme suivait le convoi en silence. Il lui cria « Va-t’en ! ». Mais le Prophète lui dit : « Laisse-la ». Il n’y a donc pas interdiction formelle, et celle qui accompagne un défunt ne commet pas un acte répréhensible !
C’est vrai que dans de nombreux pays musulmans, les femmes ne suivent pas le cortège funèbre jusqu’au cimetière, mais il faut garder à l’esprit que la jurisprudence islamique varie selon le contexte et c’est aux savants qui connaissent le contexte du pays qui émettent les avis à appliquer dans ce pays.
Il est recommandé qu’au moment des obsèques il faut rester digne et ne faire, ni prononcer que ce qu’Allah agrée, se livrer à des manifestations bruyantes comme on le voit quelquefois est loin de l’islam et de sa Guidance. Il ne faut pas oublier qu’au moment des obsèques le défunt sait nos gestes et nos paroles, et que si elles n’ agréent pas Allah ou attire son mécontentement cela rendra triste le défunt.
A propos de la visite des cimetières
Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Je vous avais interdit de visiter les cimetières. Désormais, visitez-les ». (Muslim). Selon une autre version : « Visitez les tombes car elles rappellent la mort ». (Muslim). Nous devons considérer que ces visites sont recommandées pour se souvenir de la mort. Précisément, l’Islam nous recommande de penser à la mort ; cette pensée permet de relativiser notre vie ici-bas, d’éviter de commetre des injustices, éteint les velléités de pouvoir et les désirs de richesses !
Concernant les femmes, le Prophète (sur lui la paix et le salut) avait notamment autorisé Aishâ à visiter la tombe de son frère. Et il est entendu que les femmes visitent régulièrement leurs défunts.
Il n’y a pas de jour spécial pour cette visite, mais certaines coutumes conduisent les musulmans, dans certains pays, à faire ces visites le vendredi et/ou les jours de fêtes.
Lorsque l’on entre dans un cimetière musulman, il est recommandé de saluer les défunts par une formule de salutation, telle « La paix soit sur vous ô habitants de ces lieux. Que Dieu vous pardonne ainsi qu’à nous. Vous nous avez précédés et nous sommes sur vos traces ». (Tirmidhî)
On ne doit pas prier sur les tombes, mais on peut faire des invocations pour demander à Dieu de faire miséricorde à nos défunts. C’est un lieu de méditation sur la vie, sur la mort et sur l’Au-delà. Quant à la récitation du Coran, il est permis de réciter (ou lire) un peu de Coran au profit des défunts. Par contre, il n’est pas permis de payer quelqu’un pour aller sur une tombe familiale pour y lire du Coran.
Est considéré « musulman », toute personne ayant prononcé la « shahada », quand bien même ce ne serait que quelques instants avant de rendre l’âme. Il convient donc de faire la toilette funéraire selon le rituel de l’Islam et de procéder à l’enterrement selon les règles. (Nous aborderons plus en détails encore les détails)
Concernant les obsèques des non-musulmans
Nous devons assister aux obsèques de nos proches non musulmans, afin d’être présents auprès de nos familles et leur apporter soutien et consolation. Dans ces moments douloureux, notre présence – même discrète – leur sera un réconfort.
Ce qui permet de l’affirmer découle des exégèses de l’explication (sharh) du Sahih Al-Boukhari d’Ibn Battal (3/353) :
Al-Thawri a rapporté d’après Al-Chibani, d’après Sa’îd ibn Jubayr qui a dit : « Un homme juif ayant un fils musulman est décédé. On mentionna cela à Ibn ‘Abbâs, celui-ci dit : « Il aurait fallu qu’il suive son convoi et qu’il l’enterre. Il aurait fallu qu’il invoque Dieu pour qu’il devienne pieux de son vivant, mais à présent qu’il est mort, le laisser affronter son sort. » Il a ensuite récité le verset : « Et la demande de pardon d’Ibrahim pour son père… » (Sourate Al-Tawba, verset 114)
Autre référence : ‘Umdat Al-Qari, Sharh Sahih Al-Boukhari (12/242)
Al-Tabari a dit : « Il est permis de s’occuper de la tombe d’un père non-croyant pour l’arranger [arranger la tombe], ou pour l’enterrer [le père défunt]. » Il a ajouté : « Le khabar [parole attribuée soit au Prophète soit à un compagnon] concernant cela est authentique et les gens de science le mettaient en pratique. » Ibn Habib a dit : « Il n’y a pas de mal à préparer [le corps du défunt] et à s’occuper de le couvrir de linceul. Après l’avoir ainsi couvert, il l’enterre ».
L’auteur du livre « Al-Hidaya » a dit : « Si un non-croyant meurt alors qu’il a un fils musulman, celui-ci le lave, le couvre de son linceul et l’enterre, c’est ainsi qu’il a été ordonné [par le Prophète] à Ali – que Dieu soit satisfait de lui – d’agir à l’égard de son père, Abû Tâlib. »
Il nous est donc permis d’être présents même lorsqu’il y a une cérémonie religieuse, mais nous ne devons pas participer au rituel qui l’accompagne, ni dire de paroles contraires aux enseignements de l’Islam.
Il est à noter que rien dans les enseignements de l’Islam ne nous empêche d’entrer dans une église. On nous rapporte même que Omar, lorsqu’il se rendit à Jérusalem après la conquête de la ville, en l’An 639/ap. J.C., s’est vu proposé par le patriarche de la ville, d’entrer accomplir la prière rituelle à l’intérieur de son église Omar, connu pour sa sagesse, refusa et se rendit sur la place du Rocher pour prier. Lorsqu’on lui demanda pourquoi il avait agi ainsi, il répondit qu’il craignait, s’il l’avait fait et bien que rien ne le lui interdise, que les musulmans ne se servent de cela pour accaparer ces lieux de culte par la suite.
Concernant l’incinération, cette pratique est interdite en Islam. Malgré cet interdit, si pour des raisons en dehors de nos volontés un proche a été incinéré, il ne faut pas croire pour autant qu’il aété exclu de la miséricorde d’Allah. Dans un hadith qodsi(*) Allah avait pardonné à un homme qui avait choisi d’être incinéré.: « Un homme avait demandé que l’on brûle sa dépouille et que ses cendres soient dispersées un jour de grand vent, ce qui fut fait. Dieu interrogea ce qui restait de cet homme « Pourquoi as-tu agi ainsi ? » ; la réponse fut « Par crainte de Toi ! » Alors Dieu le couvrit de Sa Clémence » (Boukhari – Muslim).
Dans la mesure du possible, évitons de provoquer des ruptures familiales pour des choses contre lesquelles nous sommes impuissants à nous faire entendre, même si cela nous est douloureux et en particulier dans des moments où la sensibilité de chacun est mise à rude épreuve ! Une règle fondamentale en Islam est celle entre deux décisions que l’on désapprouve contraints et forcés on opte pour celle du moindre mal. Il ne faut donc pas négliger la rupture familiale entre les vivants, après la mort d’un membre, elle est plus grave que le sort que l’on a donné au corps du défunt.
(*) Un hadith qodsi est une parole d’Allah donnée au Prophète Muhammad (sur lui la paix et le salut), qui n’est pas du Coran.)
Concernant la visite des cimetières non-musulmans
il ne nous est pas interdit de nous y rendre. Cependant, un hadith nous rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit aux Compagnons en passant devant un tel cimetière « de n’y entrer qu’en versant des larmes de pitié et de compassion pour ceux qui y sont enterrés ». Cela signifie qu’il faut être conscient selon nos croyances du sort qui peut leur être réservé, que ce n’est pas un lieu de promenade ou de villégiature.
Concernant les proches qui sont décédés et qui n’ont pas eu connaissance du message de l’Islam
nous pouvons effectivement espérer que Dieu leur accorde Sa Miséricorde. Et ce, d’autant qu’il existe un enseignement concernant ceux qui ont eu connaissance du message et ont refusé de le suivre… Il est vraisemblable que Dieu appréciera, au Jour du Jugement, le cas de chacun en fonction de ce qu’il a reçu ! Dieu est Le Plus Savant.
S’agissant de la mort de nos proches tandis qu’ils n’ont pas embrassé l’Islam, c’est l’épreuve la plus difficile à laquelle sont confrontés tous ceux qui sont devenus musulmans. Nous avons déjà, ou nous devrons un jour, faire face à cette situation ô combien douloureuse. Il faut se préparer et espérer jusqu’au dernier moment.
Nous trouvons dans le Coran un verset concernant le Prophète Ibrahim qui avait dit à son père, idolâtre, qu’il invoquerait Dieu pour qu’Il lui pardonne. Et Dieu a répondu à cela :
« Il ne convient pas au Prophète, ni aux croyants, d’implorer le pardon de Dieu en faveur des polythéistes, fussent-ils leurs proches, une fois bien établi que ceux-là sont destinés à être les hôtes de l’Enfer » (C. 9/113)
Lors d’une de ses conférences du 7 mars 2009, Cheikh Saïd Ramadan El Bouti a dit : « Pour ceux dont les parents sont décédés, il faut garder beaucoup d’espoir. Dans notre relation à leur sujet, il y a l’aspect apparent et l’aspect caché.
S’ils sont décédés en apparence comme des non-musulmans, il se pourrait bien cependant qu’ils aient pu, au dernier moment, être touchés par la grâce de Dieu, et qu’ils soient – dans le secret – morts comme des musulmans. Dieu, dans Sa grande miséricorde, peut avoir ouvert leur cœur en secret.
Alors, continuez de prier Allah pour eux, car Seul Dieu et le défunt connaissent la vérité. »
Certes, la perte de nos proches est une épreuve difficile à supporter. Nous ne devons pas les oublier, garder la meilleure image d’eux lorsqu’ils étaient en bonne santé par exemple, nous remémorer les meilleurs moments avec eux et nous habituer doucement à leur absence, prendre un peu de temps pour assimiler la séparation.
C’est Allah seul qui décide du moment. Nous devons nous plier à Sa décision et surtout, nous ne devons jamais rien dire ni faire que Dieu puisse désapprouver.
Invocations pour les défunts :
Le plus grand désir du défunt, et le meilleur cadeau que peuvent faire ceux qui restent derrière lui sont les invocations (Douas). Que demander à Allah dans nos invocations pour nos défunts ? D’abord, dire ces mots : « Nous appartenons à Dieu et c’est à Lui que nous ferons retour ». (C.2/156) et supporter avec patience et fermeté. Puis L’invoquer pour qu’Il accorde Sa miséricorde à nos défunts.
On nous rapporte cette invocation du Prophète (sur lui la paix et le salut) lors d’une prière mortuaire : « Mon Dieu ! Pardonne-lui et fais-lui miséricorde, accorde-lui Ton pardon et montre-Toi indulgent à son égard. Accueille-le avec bienveillance et donne-lui une famille meilleure que la sienne, fais de sa tombe une demeure spacieuse… Purifie-le de ses fautes. Accorde-lui une demeure meilleure que la sienne, un conjoint meilleur que le sien et introduis-le au Paradis. »
Ce texte a été extrait d’un écrit de Malika Dif avec modifications.
A lire sur ce sujet : son livre « La maladie et la mort en Islam » Éditions « Attawhid »
Notes préliminaires pour le testament
Ce testament doit être écrit à la main, sinon il n’aura pas de valeur et doit être déposé chez un notaire qui l’enregistrera au Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés (FCDDV).
Ce fichier, géré par les notaires, centralise en un lieu unique pour toute la France les informations relatives à l’existence et au lieu de dépôt des testaments reçus par eux. Les frais sont réglementés et ne sont pas onéreux.
Il pourra être déposé chez un notaire, pour l’authentifier (car il ne peut plus être contesté), mais l’enveloppe ne sera fermée qu’après que celui-ci aura pu vérifier qu’il ne contient pas de clause illégale.
Il serait également judicieux d’en remettre la copie à une personne parmi vos proches (parents, frères et sœurs…). Il peut être sous enveloppe fermée avec cette indication : « A n’ouvrir qu’après mon décès ».
On peut éventuellement ajouter « Original déposé chez Maître XXX, Notaire à telle adresse. »
En effet, lors d’un décès, les familles s’occupent d’abord des obsèques… et du testament ensuite s’il y a lieu et, dans ce cas, il est trop tard pour suivre les indications qui y figurent au sujet des obsèques.
Evidemment, si vos relations familiales sont suffisamment confiantes, vous pouvez ne pas le déposer chez un Notaire, et le remettre, sous enveloppe, à une personne ou une autre parmi vos proches.
Que Dieu vous accorde une longue vie pour satisfaire notre Seigneur et vous permettre de bénéficier de Ses bienfaits.
« Ô Seigneur ! Fais que la meilleure période de ma vie soit la dernière, que mes actions les plus nobles soient les ultimes et que le meilleur jour de ma vie soit celui de ma rencontre avec Toi. »
Testament (Modèle)
Ceci est mon testament, qui révoque tout autre testament antérieur. Ce testament est écrit de ma main à (adresse complète du lieu où celui-ci est écrit).
Je soussigné(e) (prénom, nom, date et lieu de naissance), demeurant (adresse complète), prends les dispositions suivantes, en ce qui concerne mon décès :
Étant de confession musulmane, je désire que l’ensemble des rites funéraires s’appliquant à cette option confessionnelle me soit appliqué : la toilette mortuaire dans la totalité de ses composantes, la pose du linceul, la prière du défunt et l’enterrement dans un cimetière ou un carré musulman.
Je désire qu’aucune construction, caveau ou pierre tombale ne soit effectué, ni aucun objet déposé sur ma tombe.
(On peut éventuellement ajouter le lieu ou la ville)
En outre, je m’oppose formellement à ce que l’on procède à l’incinération de mon corps.
(Éventuellement ajouter pour être certain du bon déroulement des obsèques) Afin de décharger mes proches de ce souci, je souhaite que l’on fasse appel à un aumônier hospitalier musulman (agrée) pour veiller au respect des rites de l’Islam lors de mes funérailles. (Nom Prénom adresse n° de téléphone de l’aumônier)
J’espère par ces dispositions alléger la charge qui, autrement, pèserait sur ceux qui me survivront du fait de mes choix personnels.
Fait, écrit, daté et signé entièrement de ma main et en toute lucidité
A ……………..….., le …/…/ 20.. Signature
Annexe explicative au modèle de testament
Ce document sera largement suffisant si votre conjoint ou vos enfants (devenus adultes) sont musulmans car ils prendront en charge le déroulement des obsèques. Vos proches non-musulmans ne pourront que se plier au désir que vous aurez exprimé.
Mais, il est possible d’ajouter à ce document un certain nombre de précisions, par exemple :
- spécialement pour les obsèques:
Le lieu souhaité pour l’inhumation (tel cimetière ou le carré musulman), etc.
- d’autres indications ou volontés:
Chaque musulman possède un certain nombre de livres et objets en rapport avec sa pratique religieuse (tapis, Coran, et divers autres…) qui ne seront peut-être pas « entre de bonnes mains » chez les proches s’il s’est avéré qu’ils n’entendent pas s’intéresser à l’Islam.
C’est alors une bonne chose que de prévoir les donner à une personne ou à l’aumônerie ou une association musulmane ou une mosquée, que vous devez donc désigner (nom, adresse, téléphone).
Par la suite, il vous sera encore possible d’ajouter une annexe à ce testament (ceci se nomme un codicille), qui tiendra compte de votre situation. En effet, votre situation va évoluer au fil du temps, au plan familial (sans aucun doute), et aussi au plan de vos relations fraternelles et sociales (c’est certain !)
Solidarité Fraternité
An-Nu’mân ibn Bashîr (qu’Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Les croyants, dans la façon dont ils sont aimants, miséricordieux et solidaires les uns envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre.
Don d’organes
La vision islamique de la science
L’Islam est une religion qui respecte la science et qui considère que l’effort intellectuel de l’Homme pour découvrir les mystères de la vie est une adoration récompensée par Dieu.
Il nous suffit de rappeler que le tout premier verset révélé par Dieu au Prophète Muhammad a été « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé … » (Coran 95/1)*
Le Coran a vivement incité l’Homme dans des dizaines de versets à contempler l’Univers. Une contemplation qui doit le guider à découvrir Allah, Créateur et Seigneur de ce monde.
Une contemplation que l’Homme doit mener, tout en partant de soi-même :
« Il y a sur terre des preuves pour ceux qui croient avec certitude, ainsi qu’en vous-même. N’observez-vous donc pas ? » (Coran 51/20-21)
Cette incitation à la réflexion a motivé les musulmans à travers l’histoire et notamment au début de la civilisation musulmane, à faire des efforts de recherche. Ils sont arrivés à des réalisations scientifiques connues dans l’histoire universelle de la science.
Si nous avons rappelé la position de la religion musulmane vis-à-vis de la science en général, c’est pour confirmer qu’il n’y a en Islam aucune opposition de principe contre les inventions scientifiques, au contraire, comme nous l’avons précisé la science est considérée comme un chemin qui mène à la foi.
A côté de cette position de principe qui encourage la science, l’Islam a recommandé que l’effort de l’Homme dans le domaine scientifique, soit jalonné des repères éthiques et des valeurs morales, afin que la science reste toujours au service de l’Homme et ne soit pas exploitée pour des fins de destruction et de nocivité.
Coran(95/1) signifie verset 1 de la 95ième sourate
La valeur de la vie en Islam
La vie biologique est un des aspects de la grandeur et du pouvoir d’Allah et la préservation de cette vie est une des cinq priorités de l’Islam qui sont : la foi, la vie, la raison, la famille et les biens. L’Islam considère la vie comme un voyage qui a un but précis et que l’atteinte à cette vie est un crime majeur, d’où la condamnation du meurtre, de toute mutilation ainsi que du suicide.
« Et quiconque tue un être vivant par injustice c’est comme s’il a tué l’Humanité entière et celui qui aide à sauvegarder une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’Humanité » (Coran)
D’où l’appréciation pour tout geste qui peut sauvegarder la vie.
La position de l’Islam concernant le don d’organes
Dans la mesure où l’on garde à l’esprit le respect de l’individu, l’Islam favorise le don d’organe. Pour ce faire, il existe des règles à respecter qui permettent de protéger le donneur vivant ou décédé.
La règle principale est que tout dommage chez une personne doit être réparé dans la mesure du possible. Ainsi, corriger une insuffisance rénale chez un individu en lui greffant un rein est un acte licite. De plus, celui qui réalise cet acte bénéficie de la récompense de Dieu puisque le Prophète Muhammad a dit :
« Toute personne qui aide à la résolution d’un problème chez un musulman ici-bas, Allah résoudra pour lui un problème dans l’Au-delà« .
Le prophète a dit aussi : « Il y a une récompense d’Allah dans l’aide apportée à tout être vivant », quelque soit cet être vivant, homme ou autre (animal par exemple).
Don d’organes de son vivant
Donc, le don d’organe de son vivant est autorisé en Islam à condition que cela ne nuise ni au donneur ni aux ayants droit (comme l’époux, l’enfant). Pour cela il faut respecter le cadre suivant :
- un individu n’a pas le droit de donner un organe unique (comme le cœur ou la totalité du foie) car, d’une part il ne peut pas vivre sans celui-ci, et, d’autre part, il n’a pas le droit de supprimer un problème pour aboutir à un problème de même valeur ou pire.
- Un individu n’a pas le droit de donner un organe apparent comme l’œil, la main ou le pied.
- De même, il n’est pas autorisé au mineur ni à une personne dont la raison est déficiente, de faire don d’organe, car ils ne sont pas capables de distinguer ce qui est dans leur bien ou non. Leur responsable légal n’a pas le droit de les inciter à faire cet acte non plus. En effet, il faut attendre ils soient dans la capacité de prendre eux même la décision, l’enfant jusqu’à sa maturité et le déficient mental jusqu’à qu’il retrouve sa raison.
La prise d’organes d’une personne décédée
En se basant sur les règles :
« Tout est licite sauf les choses où il y a une preuve qu’elles sont interdites » et « une nuisance doit être supprimée dans la mesure du possible », et compte tenu que le don d’organe d’une personne vivante est autorisé sous certaines conditions, il est logique d’autoriser la prise d’organe d’une personne décédée, d’autant que ce geste peut sauver une vie humaine et ne causer aucune nuisance au décédé.
Mais cette autorisation est limitée à une des trois conditions suivantes :
- Que la personne décédée ait légué ses organes pendant sa vie et donc autorisé le prélèvement.
- Dans le cas d’absence de légation du décédé, il faut avoir l’autorisation de ses parents ou sa famille la plus proche. La réalisation du prélèvement sans leur autorisation peut les choquer et être psychologiquement mal acceptée et laisser place à des conflits sociaux.
- Dans le cas d’un décédé non identifié, l’état a le droit, si besoin est, d’autoriser le prélèvement.
Certaines précisions à apporter :
1. Il n’y a pas de différence dans le don ou la réception d’organe entre un musulman et un non-musulman car, pour nous, l’homme est respecté pour son humanité « Nous avons donné de la noblesse aux enfants d’Adam » (Coran)
2. L’utilisation des organes de certains animaux dont la consommation est illicite (comme le porc) ne sera faite qu’en cas de nécessité extrême et donc en l’absence d’autres possibilités.
La preuve de cette autorisation est que le Prophète est passé devant la dépouille d’un agneau mort et a demandé à qui elle appartenait. On lui a répondu « à un tel » et il a dit alors : « Pourquoi ne vous servez-vous pas de sa peau ? » » Mais c’est un animal mort ! » « Ce qui est interdit c’est d’en manger ».
4. La greffe des ovaires ou testicules, si un jour devient réalisable, restera interdite du point de vue islamique, car cela entraîne un mélange de descendance.
Texte extrait d’un rapport de l’Association Médicale AVICENNE de France
Rédigé par son Comité d’éthique.
Liens de Famille
An-Nu’mân ibn Bashîr (qu’Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Les croyants, dans la façon dont ils sont aimants, miséricordieux et solidaires les uns envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre.
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