Guides à l’intention de personnel soignant

Le jeûne du mois du Ramadan

Le  mois de Ramadan est le 9ième mois lunaire dans le calendrier musulman. Durant ce mois les musulmans observent, ce qui constitue le 4ième pilier fondamental de la pratique l’Islam : « l’abstinence » en arabe (phonétique) Assiyam  .

Ce terme convient mieux que « le jeûne » , en effet en arabe le même terme « Siyam » désigne à la fois abstinence et jeûne, et l’acte de foi durant ce mois de Ramadan « Siyam » comprend plus que le fait de s’abstenir de manger et boire. C’est un état d’esprit qui permet de « s’abstenir » de tout ce qui est mal. Dans des paroles authentifiées du prophète de l’islam Mouhammad, il est précisé   « que celui qui ne s’abstient pas de faire du mal, Dieu n’a nul besoin qu’il s’abstienne de boire ou manger »

Ainsi comme dans tous les actes de la pratique de l’islam il y a deux aspects : spirituel et physique. Ceci à deux niveaux : individuel et social. L’aspect physique n’est néanmoins pas à négliger devant le spirituel, sachant que par ailleurs le spirituel a un effet    sur le physique.

Cet article  contribue au guide modeste élaboré par l’aumônerie hospitalière musulmane, il a l’ambition d’éclairer un minimum sur la pratique de l’Islam, et surtout dans le contexte de l’hospitalisation de la personne malade de confession musulmane. Afin que le personnel en tienne compte pour prodiguer un meilleur soin, respectueux des croyances du patient et de sa liberté d’exercice de culte.

Il est fort possible que ce guide ne réponde pas à tous leurs interrogations, rappelons que selon la Charte des aumôneries de septembre 2011, Nous, aumôniers musulmans dans l’établissement, sommes à la disposition du personnel pour y répondre.

1) La maladie et le « Siyam »

Les personnes malades sont dispensées de l’acte du jeûne durant leur maladie. Cependant le mois du ramadan reste pour ces derniers toujours un mois sacré, très fort en spiritualité et en actes cultuels tels que la prière, l’aumône. Ils referont le « siyam » après guérison en nombre de jours égal à celui des jours interrompus durant le mois de ramadan. Cela est décrété par le texte coranique, première source islamique et donc ne souffrant d’aucun désaccord entre les savants musulmans : Sourate 2 verset 185 (traduit de l’arabe) «  Celui qui est malade ou qui est en voyage jeûnera ensuite un nombre de jours équivalent. Dieu veut la facilité pour vous, Il ne veut pas vous mettre dans la difficulté ».Ceci dit en passant, l’Islam est la religion de la facilité et non de la difficulté. Un principe fondamental est celui que chaque fois que le musulman a le choix entre deux options, il choisira la plus facile.  

Précisions sur le statut de malade qui bénéficie de la dérogation de ne pas jeûner

On imaginer que pour bénéficier de cette dérogation il faut être au bout de sa capacité physique, ou de la souffrance, il n’en est rien. Si jeûner conduit à la maladie ou à son aggravation la personne doit le rompre, ou encore si le jeûne est incompatible avec le traitement avec lequel on espère la guérison là aussi il faut rompre son jeûne. C’est le médecin qui pourra informer avec précision sur les risques encourues. Il faut noter que dans ces cas une relation de confiance entre le médecin et son patient est primordiale. Si cette relation de confiance n’existe pas nous pourrons (dans la mesure de nos capacités) expliquer aux patients le bien fondé de la décision du médecin.

Très souvent par ignorance des règles islamiques, et même de l’essence de cette religion qui est rendre la pratique la plus facile possible, des patients de confession musulmane insistent pour faire le jeûne au détriment de leur santé, voire des fois de leurs vies. De ce fait ils ne respectent pas ce qui relève des objectifs fondamentaux de la religion islamique entre autre la sauvegarde de la personne humaine dans son intégrité. En outre dans l’islam il est dit que Dieu aime autant que l’on accepte les dispenses accordées que  ne pas transgresser pas  Ses interdictions..

Qu’en est il des patients atteints de maladies chroniques, dont on a pas l’espoir de guérison. Dans ce cas le patient musulman fait ce que l ‘on peut appeler « le rachat » de chaque jour non jeûné qui consiste à nourrir un pauvre ou un nécessiteux un jour ou lui payer l’équivalent en argent.

2) Autres cas de dispense de jeûne

D’autres situations dans lequel la patient musulman est dispensé de jeûner ( avec les mêmes modalités)

1) La femme enceinte

2) la femme qui allaite

3) La personne âgée, incapable à cause de son âge de jeûner Elle « rachète » donc chaque jour non jeûné avec une aumône, celle de nourrir un pauvre un jour.

3) Actes médicaux annulant le jeûne

L’incapacité de jeûner dispense la pratique du jeûne du ramadan, mais pas uniquement. Même pouvant jeûner, si certains actes médicaux incompatibles avec le jeûne sont nécessaires dans le traitement de la pathologie, le patient musulman doit s’abstenir de le faire, une  condition néanmoins il faut que ces actes ne puissent  être faits en dehors du temps de jeûne c’est à dire entre l’aube et le coucher du soleil.  

1) Prise oral de médicaments : c’est avec le médecin que l’on peut voir si c’est possible de changer

– la posologie
– la chronopharmacologie
-le rythme d’administration

2) les injection intra-veineuse à but nutritif, annulent le jeûne, tout autre injection intraveineuse qui ne soit pas à but nutritive n’annule pas le jeûne.

Don d’organes

 La vision islamique de la science

L’Islam est une religion qui respecte la science et qui considère que l’effort intellectuel de l’Homme pour découvrir les mystères de la vie est une adoration récompensée par Dieu.

Il nous suffit de rappeler que le tout premier verset révélé par Dieu au Prophète Muhammad a été « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé … » (Traduction Coran)

Le Coran a vivement incité l’Homme dans des dizaines de versets à contempler l’Univers. Une contemplation qui doit le guider à découvrir Son Créateur, Créateur et Seigneur de ce monde.

Une contemplation partant de soi-même :

« Il y a sur terre des preuves pour ceux qui croient avec certitude, ainsi qu’en vous-même. N’observez-vous donc pas ? » (Traduction Coran)

Cette incitation à la réflexion a motivé les musulmans à travers l’histoire et notamment au début de la civilisation musulmane, à faire des efforts de recherche. Ils sont arrivés à des réalisations scientifiques connues dans l’histoire universelle de la science.

A côté de cette position de principe qui encourage la science, l’Islam a recommandé que l’effort de l’Homme dans le domaine scientifique, soit jalonné des repères éthiques, c’est à quoi l’humanité est arrivée comme conclusion, afin que la science reste toujours au service de l’Homme et ne soit pas exploitée pour des fins de destruction et de nocivité.

 La valeur de la vie en Islam

La vie biologique est un des aspects de la grandeur et du pouvoir d’Allah et la préservation de cette vie est une des cinq priorités de l’Islam qui sont : préserver la foi, préserver la vie, préserver la raison, préserver la famille et préserver les biens. L’Islam considère la vie comme un voyage qui a un but précis et que l’atteinte à cette vie est un crime majeur, d’où la condamnation du meurtre, de toute mutilation ainsi que du suicide.

« Et quiconque tue un être vivant par injustice c’est comme s’il a tué l’Humanité entière et celui qui aide à sauvegarder une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’Humanité » (Coran)

 La position de l’Islam concernant le don d’organes 

Dans la mesure où l’on garde à l’esprit le respect de l’individu, l’Islam favorise le don d’organe. Pour ce faire, il existe des règles à respecter qui permettent de protéger le donneur vivant ou décédé.

1. La règle principale est que tout dommage chez une personne doit être réparé dans la mesure du possible. Ainsi, corriger une insuffisance rénale chez un individu en lui greffant un rein est un acte licite. De plus, celui qui réalise cet acte bénéficie de la récompense de Dieu selon l’Islam
Il a dit : « Il y a une récompense de Allah dans l’aide à tout être vivant », quelque soit cet être vivant, homme ou autre (animal par exemple). Donc, le don d’organe de son vivant est autorisé en Islam à condition que cela ne nuise ni au donneur ni aux ayants droit (comme l’époux, l’enfant).

2. Pour cela il faut respecter le cadre suivant :
un individu n’a pas le droit de donner un organe unique (comme le cœur ou la totalité du foie) car, d’une part il ne peut pas vivre sans celui-ci, et, d’autre part, il n’a pas le droit de supprimer un problème pour aboutir à un problème de même valeur ou pire.

 Don d’organes de son vivant

  1. Un individu n’a pas le droit de donner un organe apparent comme l’œil, la main ou le pied.
  2. De même, il n’est pas autorisé au mineur ni à une personne dont la raison est déficiente, de faire don d’organe, car ils ne sont pas capables de distinguer ce qui est dans leur bien ou non. Leur responsable légal n’a pas le droit de les inciter à faire cet acte non plus. En effet, il faut attendre qu’ils soient dans la capacité de prendre eux même la décision, l’enfant jusqu’à sa maturité et le déficient mental jusqu’à qu’il retrouve sa raison.   

 La prise d’organes d’une personne décédée

 se basant sur les règles :

 « Tout est licite sauf les choses où il y a une preuve qu’elles sont interdites » et « une nuisance doit être supprimée dans la mesure du possible », et compte tenu que le don d’organe d’une personne vivante est autorisé sous certaines conditions, il est logique d’autoriser la prise d’organe d’une personne décédée, d’autant que ce geste peut sauver une vie humaine et ne causer aucune nuisance au décédé. 

Mais cette autorisation est limitée à une des trois conditions suivantes :

1. Que la personne décédée ait légué ses organes pendant sa vie et donc autorisé le prélèvement.

2. Dans le cas d’absence de légation du décédé, il faut avoir l’autorisation de ses parents ou sa famille la plus proche. La réalisation du prélèvement sans leur autorisation peut les choquer et être psychologiquement mal acceptée et laisser place à des conflits sociaux.

3. Dans le cas d’un décédé non identifié, l’hôpital a le droit, si besoin est, de faire le prélèvement.

 Certaines précisions à apporter : 

 1) Il n’y a pas de différence dans le don ou la réception d’organe entre un musulman et un non-musulman car, dans l’Islam, l’homme est respecté pour son humanité « Nous avons donné de la noblesse aux enfants d’Adam » (Coran)

 2) L’utilisation des organes de certains animaux dont la consommation est illicite (comme le porc) ne sera faite qu’en cas de nécessité extrême et donc en l’absence d’autres possibilités.

La preuve de cette autorisation est que le Prophète est passé devant la dépouille d’un agneau mort et a demandé à qui elle appartenait. On lui a répondu « à un tel » et il a dit alors : « Pourquoi ne vous servez-vous pas de sa peau ? »  » Mais c’est un animal mort ! » « Ce qui est interdit c’est d’en manger ».

 4) La greffe des ovaires ou testicules, si un jour devient réalisable, restera interdite du point de vue islamique, car cela entraîne un mélange de descendance.

Texte extrait d’un rapport de l’Association Médicale AVICENNE de France

Rédigé par son Comité d’éthique.

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